COVID-19 : La situation au Pérou

LUIS VILLANUEVA CARBAJAL – Secrétaire général – FTCCP

Pour contenir la pandémie Covid-19 le gouvernement péruvien a déclaré l’état d’urgence du 16 au 30 mars en imposant le confinement social à tous les Péruviens, à l’exception de certaines activités essentielles, telles que les services de santé, l’industrie alimentaire, les services d’eau potable et une partie des transports locaux.
Compte tenu de l’avancée de la pandémie, les autorités ont prorogé les mesures d’isolement social jusqu’au mois de mai en limitant les activités économiques. Selon le plan de recouvrement, le secteur de la construction est supposé reprendre son activité au mois d’août.
Comme dans tous les régimes néolibéraux, le système de santé s’effondre. L’aide économique aux secteurs vulnérables est minimale et les subventions vont essentiellement au capital.
À ce jour, le nombre de personnes atteintes du Covid-19 s’élève à 19 250, 7 027 personnes en sont guéries et 530 personnes sont décédées, ce qui place le Pérou en troisième position dans la région, après le Brésil et l’Équateur.
Le secteur de la construction compte 450 000 salariés enregistrés auprès du ministère du Travail; or, à partir du 16 mars, seuls 16 110 travailleurs sont enregistrés. Ce faible taux d’emploi est le résultat de la paralysie des travaux d’infrastructure suite à l’affaire de corruption « Lava Jato » (lavage exprès) impliquant l’entreprise de BTP Odebrecht et qui traîne en justice depuis 2016.

Aggravation de la crise dans le secteur de la construction au Pérou

Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour atténuer le chômage, y compris en décrétant un congé payé pour la deuxième quinzaine du mois de mars. Or, à ce jour, seuls 10 % des travailleurs de la construction ont été payés par leurs employeurs.

Ces mesures visent à protéger l’emploi des travailleurs et leurs revenus, car ceux-ci ont disparu du jour au lendemain avec l’arrêt total des travaux. Or, cette mesure ne semble profiter qu’au grand capital.

Aucune entreprise n’a été sanctionnée et les pouvoirs régionaux et locaux ont laissé les travailleurs sans abri.

La Fédération des travailleurs de la construction civile du Pérou a porté plainte contre les entreprises qui violent le code du travail et demande au gouvernement l’octroi d’un aide socio-économique à tous les bâtisseurs au chômage, notamment moyennant le registre national des travailleurs de la construction (RETCC). En outre, la FTCCP a organisé le 23 avril en coopération avec la centrale syndicale CGTP une « manifestation casserole » pour protester contre les mesures hostiles aux travailleurs, demandant un impôt sur la fortune et une aide économique à toutes les familles.

Les régimes néolibéraux en état d’urgence et les crises socio-économiques œuvrent dans l’intérêt du grand capital et des milieux d’affaires, tandis que la grande majorité de la population doit supporter le poids de la crise souvent en payant de leur vie.

La crise nous oblige à repenser notre travail d’organisation et de communication en utilisant les technologies les plus performantes qui malheureusement le sont encore trop peu dans notre travail syndical.

De toute évidence, la bataille idéologique revête une importance fondamentale pour le renforcement des syndicats dont l’existence constitue une menace pour les objectifs de surexploitation de la part du capital et des systèmes de domination.