Discours d’Antonio Lopes, président de l’UITBB à la réunion euro-méditerranéenne,
Athènes, 2017
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En premier lieu, je salue le secrétaire général de l’UITBB, Michalis Papanikolaou et les autres participants à cette réunion.
Au Brésil, nous traversons une crise qu’il faut appréhender comme un coup d’Etat politique qui a écarté du pouvoir la présidente Dilma Rousseff et permis à des politiciens corrompus sous la direction de l’ancien vice-président Michel Temer de prendre le contrôle du gouvernement. Le vrai caractère de ces politiciens corrompus ressort clairement de leurs actions visant à restaurer le modèle néo-libéral à l’aide d’un gouvernement illégitime qui n’est autre chose qu’un coup d’Etat contre les travailleurs, et répond aux intérêts financiers de l’aristocratie internationale et des riches propriétaires terriens brésiliens.
Le Brésil a reculé beaucoup et rapidement en un an de gouvernement corrompu. Sur 207,8 millions de personnes, 14 millions sont au chômage et 103 millions ont un emploi. Le gouvernement a affaibli les banques publiques et multiplié les politiques qui ont miné l’économie brésilienne. Le gouvernement veut imposer une politique néo-libérale qui va à l’encontre des intérêts nationaux. La compagnie pétrolière Petrobras, qui autrefois faisait la fierté du Brésil, est en train de perdre des atouts importants tels que la zone du « pré-sal », ce qui expose le pays aux grandes entreprises capitalistes.
Le gouvernement a décidé de soumettre au Sénat la proposition PEC 241 (proposition de révision constitutionnelle 241), sapant ainsi les acquis de notre constitution et gelant pour plus de 20 ans, les ressources allouées à la santé, à l’éducation, à la protection et à la sécurité sociale, tandis que 45 % du budget fédéral iront au remboursement par traites successives de la dette. La proposition de réforme de la législation du travail place les travailleurs dans une situation où ils sont mis à disposition des employeurs sans garanties et supprime les droits historiques des travailleurs, principalement les prestations de retraite pour les pauvres.
L’instabilité politique et l’insécurité juridique s’aggravent et le programme néolibéral unit les trois pouvoirs de la démocratie contre la classe ouvrière: le législatif, l’exécutif et le pouvoir judiciaire (Cour suprême). En ce qui concerne les libertés individuelles et collectives, on enregistre une énorme régression qui s’exprime par une augmentation de la répression et par la criminalisation des mouvements sociaux. Le gouvernement corrompu ne compte dans ses rangs aucune personne de couleur ni de femmes, et il a aboli des ministères importants dédiés à la réforme agraire et à la lutte contre la discrimination.
LA LUTTE POUR RÉTABLIR LA DÉMOCRATIE ET METTRE EN ECHEC LA RÉGRESSIONB NÉOLIBÉRALE
La résistance contre le coup d’Etat et contre la situation actuelle s’accroît de même que l’indignation et la révolte tant au sein de la classe ouvrière que des couches démocratiques et progressistes de la population. À preuve les manifestations organisées par les centrales syndicales et les organisations sociales. L’heure est à la constitution d’un vaste front national pour la défense de la démocratie, des droits sociaux et pour le développement du pays. Le gouvernement corrompu par Michel Temer ne réussit pas à contrôler un congrès de 515 parlementaires dont plus de 200 sont impliqués dans de grands scandales de corruption, y compris Michael Temer lui-même qui, à ce moment même, fait l’objet d’une enquête pour corruption suffisante pour lui faire perdre son poste de président. Jour après jour, le gouvernement perd d’influence au sein des partis politiques et la mobilisation populaire dans les rues est en pleine croissance. La chute de ce gouvernement n’est plus qu’une question de temps.
La lutte continue.