Rapport sur l’Amérique latine par Daniel Diverio, membre du Secrétariat de l’UITBB

Montevideo, le 16 décembre 2015

Chers camarades de notre Union internationale, l’UITBB :

Dans ce rapport j’essaierai de vous présenter la situation politique en Amérique latine.

Pour analyser la situation dans cette région il faut comprendre que tant les avancées que les reculs se sont toujours faits en bloc. Après des décennies de coups d’état fascistes qui ont fait couler beaucoup de sang de nos peuples, sont arrivés également en bloc les gouvernements néolibéraux et ont appliqué des politiques qui ont creusé encore davantage l’inégalité entre les riches et les pauvres. Dans une période plus récente, certains pays d’Amérique latine ont enregistré des progrès grâce à des gouvernements progressistes qui ont modifié la configuration politique dans la région. Citons, pour en nommer quelques-uns, le Venezuela, l’Équateur, l’Argentine, de manière plus timide le Chile et quelques tentatives au Paraguay. Ajoutons à ceux-là les progrès en Amérique centrale, notamment au Nicaragua ainsi que la réaffirmation de la révolution socialiste sur l’héroïque île de Cuba.

Ces processus qui ne sont pas linéaires ont rapidement rencontré la riposte contrerévolutionnaire de la droite impérialiste au milieu d’une crise économique et structurelle du capitalisme. Cette contre-offensive frontale contre ces processus génère de difficultés pour certains pays. À preuve les attaques continues contre la révolution bolivarienne au Venezuela, où à la suite de la chute du prix du pétrole, de la pénurie d’aliments provoquée par la droite, celle-ci a remporté une victoire écrasante aux élections législatives. L’Argentine connaît une situation assez similaire : dans le contexte du discrédit jeté sans répit par la droite et les médias sur le processus en cours, Mauricio Macri, représentant de l’oligarchie la plus rance d’Argentine a remporté les récentes élections présidentielles. En outre, nous devons examiner les sérieuses difficultés économiques que connaît le Brésil et qui font que la côte de popularité de la présidente Dilma est au plus bas. Les attaques se poursuivent contre notre république sœur, la Bolivie, contre l’Équateur et l’Uruguay. La droite a pour objectif la décapitation du mouvement syndical et populaire dans tous ces pays, notamment dans les pays frères que sont la Colombie et le Pérou, où il ne passe pas un jour sans que des dirigeants et militants du syndicat affilié à notre UITBB ne soient victimes d’assassinat. Nous renouvelons à ces camarades notre solidarité entière et notre engagement à poursuivre la lutte pour que de tels assassinats ne puissent plus se reproduire.

Les processus sont refrénés par l’offensive de la droite, certes, mais les faiblesses au sein du mouvement populaire ont créé un terrain permettant l’avancée de ces secteurs réactionnaires. Ainsi, par exemple en Argentine, la dispersion des secteurs de la gauche et du mouvement progressiste ainsi que la fragmentation du mouvement ouvrier ont laissé ouvert un flanc à l’avancée de la droite.

Au Brésil, les cas de corruption du parti au pouvoir ainsi que les mesures antipopulaires prises par ce parti pour résoudre la situation de crise économique affectent les travailleurs et les couches les plus vulnérables de la population.

Il est évident qu’au Brésil le morcellement du mouvement syndical divisé en plusieurs centrales est un élément expliquant pour quelle raison le processus enclenché par le président Lula est aujourd’hui en recul, mettant en danger la continuité des gouvernements de gauche.

Le Venezuela a aussi connu un revers important et il ne suffit pas d’évoquer les attaques de la droite pour expliquer les causes de la déroute aux dernières élections. Il y a une grande part de responsabilité à nous au sein des couches populaires, le morcellement du mouvement syndical et l’absence de structures qui auraient dû être mises en place à la base au niveau du peuple et qui seraient capables de défendre le processus révolutionnaire contre les attaques de la droite.

Par conséquent, dans la quasi-totalité des pays on constate un élément commun, à l’exception de Cuba et de l’Uruguay : il s’agit de la fragmentation du mouvement syndical. Certes, l’unité syndicale à elle seule n’est pas suffisante, mais sans cette unité, aucun processus progressiste ne peut être soutenu et approfondi. C’est pourquoi, le principal défi pour nous travailleur est celui de la construction de l’unité de tous les travailleurs, des étudiants, des paysans et de toutes les couches de la population qui aspirent à une société plus juste et plus solidaire.

Je souhaite en toute modestie avancer un certain nombre de propositions susceptibles de nous aider dans ce processus, afin d’approfondir et de consolider les outils nécessaires à cette unité : nous travailleurs de la construction et du bois nous pouvons y apporter beaucoup grâce aux outils tels que FLEMACON, ESNA et tous les syndicats des travailleurs de la construction d’Amérique latine.

Il nous faut travailler dans les rencontres régionales pour trouver des objectifs communs capables de déboucher sur des actions communes, pour obtenir par exemple une limite du poids des sacs de ciment Portland à 25 kg. Nous sommes les seuls en Uruguay à avoir mis en place cette régulation. En outre nous disposons de plusieurs lois relatives au monde du travail, notamment la loi sur la responsabilité pénale de l’employeur en cas de risque pour la sécurité et la vie du travailleur, la loi sur l’inclusion des personnes handicapées, afin d’offrir plus d’opportunité à ces personnes les plus marginalisées de la société, la loi sur la santé au travail pour créer de meilleures conditions de santé et de vie pour les travailleurs, bref notre lutte pour la VIE.

Nous sommes persuadés que plus tôt que tard, les peuples trouveront le chemin pour construire une société beaucoup plus juste où l’homme ne sera plus un loup pour l’homme, une société où les travailleurs seront les protagonistes de leur propre destin.

De mon pays, l’Uruguay, j’adresse à tous les camarades des salutations fraternelles en renouvelant notre engagement à poursuivre sans relâche notre lutte !

Daniel Diverio

secrétaire général