Discours de Michalis Papanikolaou, secrétaire général de l’UITBB, au 17e Congrès

Discours de Michalis Papanikolaou, secrétaire général de l’UITBB, au 17e Congrès
Athènes, Grèce, 31.1. – 2.2.2020


Chers camarades,

Je vous salue toutes et tous et je vous souhaite la bienvenue au 17e Congrès de l’UITBB.
Tout d’abord, je tiens à exprimer mes sincères remerciements aux camarades de la Fédération des travailleurs de la construction et branches annexes de Grèce pour les grands efforts qu’ils ont déployés en organisant ce congrès extrêmement important et pour leur hospitalité chaleureuse.
Chers camarades grecs: au nom de l’UITBB je vous remercie de tout cœur !

Camarades,
Nous sommes aujourd’hui réunis ici à Athènes pour notre 17e Congrès à un moment qui marque un tournant crucial pour l’ensemble du mouvement syndical. Avant d’entamer mon discours proprement dit, j’aimerais évoquer un événement très important lié à notre organisation. Il y a quelques mois seulement, l’UITBB a observé le 70e anniversaire de sa fondation à Milan en Italie. C’est en 1949 qu’eut lieu le congrès fondateur des travailleurs de la construction instituant l’UIS des travailleurs du bâtiment, du bois et des matériaux de construction de la FSM. L’objectif de cet effort était de rassembler les bâtisseurs, les charpentiers et les travailleurs de la construction dans une lutte de classe commune pour les droits des travailleurs. Cette Union internationale s’est développée pour devenir l’UITBB que nous connaissons aujourd’hui.
L’UITBB est née quatre ans seulement après la sanglante et destructrice Seconde Guerre mondiale et l’écrasante défaite des forces nazies et fascistes, alors que les espoirs des travailleurs pour une paix durable étaient menacés par les milieux impérialistes des pays capitalistes qui n’ont jamais caché leurs plans de lancer des attaques contre les forces démocratiques et progressistes de l’humanité.
Les gouvernements et la classe dirigeante – expression des intérêts et soutien du système capitaliste conformément à leur nature et à leur soif du profit, n’ont pas été à la hauteur des promesses faites pendant la guerre en faveur de la liberté politique et sociale dans les années d’après-guerre. Ils n’ont pas tenu leur promesse de créer une société débarrassée du chômage et de la pauvreté où sont garantis les droits politiques et démocratiques et notamment les libertés syndicales. Des centaines de milliers de bâtisseurs et de charpentiers étaient sans travail alors que des millions de travailleurs étaient privés des droits de logements les plus fondamentaux. Les monopoles capitalistes fixaient sans gêne les prix des matières premières et des produits industriels, enclenchant un processus de hausse continue du coût de la vie et de baisse du pouvoir d’achat des salariés.
À l’époque où fut créée l’UITBB, des employeurs réactionnaires ne ménagèrent pas leurs efforts pour démanteler et détruire les conquêtes des syndicats en matière sociale et pour mettre fin à l’amélioration des conditions de travail. Pour affaiblir les syndicats, ils recoururent à un outil principal, à savoir la guerre d’usure tant au plan national qu’international.
Malheureusement, les ennemis de la classe ouvrière réussirent à diviser le mouvement syndical international, raison pour laquelle l’unité fut une des questions clés inscrites à l’ordre du jour et dans les débats du 2e Congrès de la FSM et du Congrès fondateur de l’UITBB, le futur département sectoriel des bâtisseurs et des charpentiers. Depuis cette période, l’UITBB a continué de progresser en ligne avec les orientations de la FSM dans la voie de la lutte des classes, optimiste quant à son avenir et toujours à l’avant-garde des luttes quotidiennes des travailleurs de la construction.
Les camarades pionniers qui ont créé l’UITBB dans des conditions extrêmement difficiles avaient un objectif : améliorer les conditions de vie et de travail misérables des travailleurs et de leurs familles et ainsi parfaire le monde et construire une société nouvelle, équitable et débarrassée de l’exploitation. Aujourd’hui, 70 ans plus tard, nous sommes pleins d’admiration pour le courage des pionniers du mouvement progressiste et nous avons le plus grand respect pour leurs sacrifices et leurs exploits. La meilleure manière d’honorer notre histoire et la mémoire de nos camarades, c’est de poursuivre avec le même esprit militant et la même détermination dans la voie de la lutte des classes, avec la même conviction et le même optimisme. Tel est notre destin et telle est notre promesse. La présence ici aujourd’hui de représentants venus du monde entier est la preuve que l’avenir appartient aux travailleurs et que le passé glorieux de notre organisation se prolongera dans un avenir encore plus rayonnant.

Camarades,
Le 17e Congrès de l’UITBB se tient à moment crucial pour les travailleurs du monde entier. Sur tous les continents, comme vous pouvez le constater en lisant les rapports des camarades des diverses régions contenus dans le Document d’orientation / Rapport d’activités, les droits des travailleurs subissent des attaques impitoyables, car les forces du capital essaient de faire porter le coût de la crise capitaliste sur le dos de la classe ouvrière en amputant les salaires et en abolissant les droits syndicaux et sociaux acquis au fil du temps grâce à des luttes sans merci et à d’innombrables sacrifices.
S’appuyant sur cette philosophie qui reflète la nature même du système capitaliste, la bourgeoise a tenté pendant la période écoulée depuis notre congrès précédent, d’accroître ses profits présents et futurs, en réduisant les salaires et en démantelant les acquis. Cette méthode a été appliquée partout et on a pu l’observer dans tous les pays capitalistes en Europe, en Asie, en Amérique latine et en Océanie. C’est précisément pour cette raison que dans notre Document d’orientation / Rapport d’activités nous attachons une très grande importance à la coordination des forces du monde du travail.
Le capitalisme a atteint son stade suprême, celui de l’impérialisme. Partout dans le monde, et particulièrement dans les régions de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient, les interventions impérialistes et les guerres battent leur plein du fait que la profonde crise capitaliste a conduit à une intensification des contradictions et des rivalités intra-impérialistes. La guerre est le seul moyen d’accroître les profits des puissances impérialistes qui se font concurrence. Notre région revêt une importance particulière pour les impérialistes en raison de ses richesses minérales ainsi que de sa signification géostratégique et géopolitique. De l’Iraq à la Syrie et la Libye, les impérialistes ont semé la destruction et réduits des millions de personnes à l’état de réfugiés vivant dans la misère.
L’assassinat récent le 3 janvier 2020 à Bagdad en Iraq, du général Quassem Soleimani, commandant de la Force al-Quods du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) en Iran sur ordre du président des États-Unis Donald Trump, n’est que la dernière en date des violations de la souveraineté nationale iraquienne ainsi que du droit international. Il est de notre devoir non seulement de condamner résolument ce type d’action , mais aussi d’édifier les travailleurs sur les causes réelles des guerres qu’est la nature même du système capitaliste et de préparer ainsi les travailleurs idéologiquement et politiquement pour l’avenir.

Chers camarades,
Depuis notre congrès précédent en 2015 en Uruguay et l’avènement de la nouvelle direction, beaucoup a été accompli, mais il reste aussi encore beaucoup à faire. Nous avons réussi à stabiliser considérablement le positionnement international de notre Union internationale, à normaliser ses activités au quotidien, à créer des instances aux obligations et avec des activités clairement définies, et plus en général à modifier le modus operandi en ayant toujours pour but une meilleure organisation et une meilleure coordination. Grâce à ces actions nous avons réussi à jeter les bases solides pour notre avenir. Dans le même temps, nous devons réfléchir à ce qu’il faut entreprendre à partir de maintenant pour perfectionner le fonctionnement de l’UITBB. Le Document d’orientation / Rapport d’activités qui vous a été remis, fait état de toutes ces questions en détail. Toutefois, je souhaite résumer les actions et activités que nous avons développées au cours des 4 dernières années et tracer la voie pour les 4 années à venir.
Le transfert du siège de l’UITBB à Chypre a été le début d’une longue et difficile période d’ajustement, aboutissant, en bref, aux résultats suivants :
1. Une équipe de soutien technique a été mise en place pour s’occuper de l’UITBB au quotidien. Dans le cadre de cet effort, la Fédération PEO des travailleurs du bâtiment, du bois, des mines et branches annexes de Chypre a fourni l’ensemble du mécanisme, des ressources et du soutien à l’UITBB. À ce propos, je me dois en tant que secrétaire général de la Fédération PEO des travailleurs du bâtiment, du bois, des mines et branches annexes de Chypre d’exprimer à ma fédération ma profonde gratitude pour ce soutien multiforme.
2. Nous sommes en communication constante et régulière avec tous les membres de l’UITBB dans le monde, principalement via la poste électronique, mais aussi par Skype, la poste traditionnelle et les médias sociaux. En outre, notre site Web (www.uitbb.org) a été remis en ligne avec un nouvel design après des années d’inactivité, en 3 langues (anglais, espagnol et français), publiant des nouvelles et des photos sur les diverses activités de nos organisations à travers le monde. Deux ans après le nouveau lancement du site nous avons atteint le chiffre de 11 000 visites. Nous pensons que ce chiffre pourra s’accroître considérablement, compte tenu du potentiel de nos membres.
3. Notre bulletin doté d’un nouveau design sort 4 fois par an. Grâce à son nouveau format, les lecteurs cliquent sur un lien pour être redirigés vers notre site Web. Nous avons ouvert un canal YouTube officiel de l’UITBB où nous diffusons des vidéos de nos réunions, mobilisations, etc.. Compte tenu qu’il s’agit d’un outil assez récent, nous n’avons pas beaucoup d’abonnés, et par conséquent nous devons tous suivre le canal officiel de l’UITBB sur YouTube.
De ce fait, l’UITBB est maintenant visible en ligne. Il suffit d’insérer le mot « UITBB » dans la fenêtre de recherche sur Google pour visualiser tout ce contenu, ce qui n’était pas possible dans le passé. Camarades, tout est dans la communication instantanée. La coopération digne de ce nom, la cohésion et l’unité de classe au plan mondial passent par une communication adéquate. Les medias numériques nous donnent accès immédiat à des millions d’employés dans le monde, sans restrictions. Dans la plupart des pays, les groupes médiatiques les plus larges sont sous contrôle du capital et de la bourgeoisie et il leur est très facile de faire passer leur message, de diffuser leur propagande, d’influencer et de guider les masses à leur guise. Il est clair que les médias alimentent les monopoles capitalistes et vice-versa. C’est pourquoi nous devons renforcer nos propres médias de la classe ouvrière pour que les travailleurs puissant se faire entendre. Il faut donc sauvegarder et renforcer ce secteur. Nous envisageons pour l’avenir d’ajouter d’autres langues à notre site Web et de créer des comptes Twitter et Facebook pour des mises à jour encore plus rapides. Pour y parvenir, il faut disposer d’un flux continu de nouvelles, de photos et de vidéos provenant de nous tous.
4. En ce qui concerne la situation financière, elle a vraiment changé pour le mieux. En réduisant nos coûts et en gérant mieux nos finances grâce à une aide professionnelle, nous nous trouvons dans une situation nettement meilleure au point de pouvoir aider nos organisations et membres qui en ont vraiment besoin. Ici encore, je souhaite évoquer spécialement la Fédération PEO des travailleurs du bâtiment, du bois, des mines et branches annexes de Chypre, qui a pris en charge de nombreuses dépenses indirectes et directes de l’UITBB en plus de ses cotisations. Ainsi les bâtisseurs chypriotes paient pour les bureaux, l’électricité, l’accès à l’internet, le transport et assument beaucoup d’autres frais, contribuant ainsi à l’UITBB. Grâce à cette aide énorme et bien gérée, mais aussi grâce aux organisations qui ont toujours versé leurs cotisations, nous pouvons envisager l’avenir avec optimisme. Dans ce contexte, je tiens à remercier les organisations qui s’acquittent de leurs obligations financière de manière cohérente. Cela nous permet d’être présents partout, de coopérer sans accroc, de resserrer les relations entre nous et de mieux organiser nos actions de manière plus efficiente.
Vous pouvez constater qu’aujourd’hui nous accueillons notre congrès dans un cadre confortable et de qualité, ce qui reflète l’époque nouvelle que traverse notre organisation. J’aimerais saisir cette occasion pour répéter à quel point il est extrêmement important, non seulement du point de vue financier mais aussi en tant qu’affirmation de la solidarité politique, que chacun paie sa cotisation. Malheureusement, chers camarades, un nombre important des membres assistant aujourd’hui à notre conférence, n’ont pratiquement jamais payé leur cotisation. À mon avis, une contribution annuelle, même si elle est symbolique, aidera beaucoup. Pour terminer sur ce point, j’ajouterai que ce serait une erreur de ma part si je ne mentionnais pas les organisations affiliées qui prennent à charge des coûts considérables en organisant de grandes conférences et réunions des instances de l’UITBB. Elles investissent nos seulement des moyens financiers, mais aussi d’autres ressources, et je tiens à remercier les organisations qui ont accueilli les rencontres régionales et autres réunions pendant les 4 années de mon mandat de secrétaire général. Je pense aux pays tels que l’Inde, le Vietnam, la Grèce, l’Uruguay, le Portugal, le Népal, Chypre, Cuba et d’autres pays.
5. Nous avons déployé beaucoup d’efforts et nous avons réussi à tenir pratiquement toutes nos rencontres régionales et à effectuer de nombreuses visites bilatérales. C’est vrai pour l’Europe et l’Asie-Pacifique où nous organisons avec régularité nos rencontres et où nous coordonnons nos actions.
6. Au cours de la période en examen nous avons pu organiser des réunions, des séminaires et nouer des relations avec de nouvelles organisations au Belarus, en Russie, en Amérique latine et ailleurs. Nous avons le plaisir de voir dans la salle de nouveaux visages, des forces amicales et des organisations qui souhaitent nous rejoindre. Cela me paraît extrêmement important et indique que nous sommes engagés dans la bonne voie.
7. Nous avons participé également aux réunions du Conseil présidentiel de la FSM, aux conférences de l’OIT à Genève et à de nombreuses rencontres internationales faisant suite à des invitations et dont vous trouverez une liste détaillée dans le Rapport d’activités. Nous avons organisé des mobilisations et des manifestations de masse à travers le monde, marquant et commémorant les journées d’actions de la FSM pour les droits des immigrés et des réfugiés, apportant ainsi la preuve de l’esprit de solidarité internationale qui devrait nous animer tous.
8. Nous avons pris part à de nombreux appels à la solidarité, répondant par des actions et l’envoi de messages de soutien qui sont tous mentionnés en détail dans le Rapport d’activités.

Chers camarades,
Beaucoup de choses ont changé au cours des dernières 4 années, les d’attitude, le fonctionnement quotidien de l’UITBB, la communication, la gestion financière, etc.. Vous pouvez en prendre connaissance dans le Rapport d’activités et nous aurons bien-sûr l’occasion de discuter de toutes ces questions pendant notre Congrès. Ayant jeté les bases pendant cette période de transition, nous devons maintenant tourner notre attention vers des voies nouvelles de manière à pouvoir améliorer l’action de l’UITBB et avancer vers des lendemains meilleurs et vers une nouvelle société à laquelle nous aspirons tous. À notre avis, parmi les questions qui doivent retenir une attention particulière de notre part, figurant les enjeux suivants :
1. La tenue de réunions plus fréquentes des instances de l’UITBB, notamment dans des régions telles que l’Afrique, doit retenir toute notre attention. Notre présence en Afrique, un continent très vaste aux ressources humaines et avec un potentiel considérables, n’est pas à la hauteur souhaitée par nous. À ce égard il faut mener des études spécialisées pour que nous puissions prendre les décisions et mesures correctes afin d’améliorer notre travail. Cela implique une meilleure communication et un retour d’information des membres de la région vers le siège de l’UITBB. Le développement d’une coopération plus étroite entre les affiliés de l’UITBB dans les pays développés et les affiliés dans les pays en développement nous aidera à organiser des activités avec la possibilité d’une aide de la FSM dans la région.
2. Il en est de même pour l’Amérique latine, même si plusieurs actions ont pu être organisées à Cuba l’an passé. Il y a lieu de rappeler à ce propos qu’en Amérique latine les activités sont mises en œuvre au travers de la FLEMACON, l’organisation régionale de l’UITBB. Il y a besoin de tenir une réunion de toutes les organisations membres et amies de l’UITBB de l’ensemble du continent afin d’y relancer notre activité. Notre faible présence sur le continent a donné à plusieurs autres le droit de prendre des initiatives en prétextant de vouloir aider. Or, il nous appartient de prendre des initiatives, car nous avons et l’expérience et les moyens nécessaires. En aucune manière le mouvement progressiste ne devrait-il permettre que cette ingérence puisse continuer. La même chose doit se produire en Afrique. Nos membres doivent informer le siège immédiatement des problèmes qui peuvent surgir, proposer et organiser des actions et participer à un maximum de réunions et de séminaires dans la région ; l’UITBB les aidera dans ces efforts.
3. L’élection de la nouvelle direction est l’occasion de clarifier les rôles de chaque responsable de l’UITBB. Chacun d’entre nous doit savoir ce qu’il faut faire, où et comment, de manière à ce que nous puissions mieux organiser notre action mondialement.
4. Certaines organisations sont en permanence absentes de nos activités, ce qui n’est pas acceptable. Nous devons analyser les raisons pour lesquelles elles ne participent pas. Plusieurs organisations, par exemple, ne répondent même pas aux invitations de l’UITBB. Si dans certains cas une aide financière est à disposition, il faudra la solliciter.
5. Nous devons également poursuivre notre participation à toutes activités de la FSM. Profitant de la participation de mon collègue George Mavrikos, secrétaire général de la FSM, à notre congrès, je souhaite souligner, et je crois parler au nom de nous tous, que nous marquerons le 75e anniversaire de la FSM de la meilleure manière possible, en prenant part à toutes les manifestations et célébrations de la FSM, en organisant diverses activités avec nos adhérents dans le monde.
6. La question de l’organisation doit être une de nos grandes priorités tant au plan national qu’international. Nous devons intensifier nos efforts en matière de syndicalisation tout en nous efforçant de consolider notre Union internationale en gagnant de nouveaux affiliés. Les conventions collectives et la nécessité de faire respecter la législation du travail sont l’outil principal pour gagner de nouveaux adhérents et syndiquer les travailleurs sur les lieux du travail. L’expérience accumulée dans divers pays a montré que les conventions collectives constituent peut-être la conquête la plus importante des travailleurs et sont ainsi un levier puissant pour imposer le code du travail. Il est très important que les conventions collectives soient appliquées, compte tenu que l’objectif principal consiste à préserver et à accroître le pouvoir d’achat des travailleurs et à améliorer leur qualité de vie. Bien évidemment, il ne faut pas penser que les conventions collectives sont l’aboutissement de nos aspirations, mais elles nous permettent d’obtenir des améliorations concrètes dans les conditions de vie et de travail des travailleurs.
7. Nous devons organiser des séminaires sur des sujets tels que la sécurité et la santé, les travailleurs migrants, le travail non assuré, les femmes travailleuses. Ces réunions devraient être organisées avec l’aide du siège de l’UITBB, par les organisations locales particulièrement attentives à ces questions, de manière à informer et à éduquer les travailleurs dans les diverses régions. Les résultats devraient être diffusés largement dans un esprit d’échange des bonnes pratiques. Ces questions sont extrêmement importantes pour nous. En ce qui concerne la santé et la sécurité, j’aimerais souligner que les employeurs doivent être obligés d’agir et que le coût de ces mesures doit être déterminé par le besoin d’assurer une sécurité complète. La formation dans l’entreprise en matière de santé et de sécurité devrait être rendue obligatoire pour tous les travailleurs dès leur embauche dans l’entreprise, mais aussi pour le personnel existant. Selon les circonstances prévalant dans chaque pays, cette mesure devrait aboutir à l’octroi d’un certificat de formation.
Permettez-moi maintenant d’ajouter quelques réflexions sur des questions d’intérêt général pour les travailleurs de nos branches.
Le pouvoir économique accru des monopoles dans les pays capitalistes conduit inévitablement à la mise sous tutelle complète du pouvoir politique. L’élargissement expansionniste de l’action des monopoles dans les pays en développement a pour objectif de les inféoder à un processus néo-colonialiste. Nous devons coordonner nos actions pour contrer les pratiques néfastes des sociétés multinationales qui créent des conditions de travail exécrables pour leurs employés. Compte tenu de leur taille, de leur pouvoir financier et politique ainsi que de l’étendue de leurs activités, les multinationales ont la capacité d’influencer un grand nombre de personnes et d’organisations, augmentant ainsi leurs profits au détriment des conditions de vie et de travail des travailleurs et de leurs familles.
En ce qui concerne l’immigration, je tiens à souligner qu’indépendamment de la couleur de la peau des travailleurs, de leur religion, de leur langue et de leur origine, la classe ouvrière devrait être unie, car elle est une et elle a des intérêts de classe communs à défendre. C’est pourquoi nous poursuivons la lutte pour éradiquer les raisons principales causant la migration tant externe qu’interne, à savoir la pauvreté et la misère engendrées par le capitalisme et l’impérialisme. En tant que membres de l’UITBB nous poursuivons dans chaque pays nos efforts visant à intégrer nos camarades immigrés dans les luttes quotidiennes et nous redoublons d’efforts pour qu’ils ne soient pas utilisés en tant que main-d’œuvre bon marché, car cela suscite des sentiments négatifs parmi les travailleurs locaux et conduit ainsi à la xénophobie, au racisme et au fascisme.
S’agissant des femmes travailleuses, je répète qu’elles doivent bénéficier de tous les droits établis par les conventions internationales, notamment le droit à l’égalité en matière de traitement, de salaire, d’éducation et de carrière, le droit au congé maternel et à la protection contre le licenciement, le droit à un environnement de travail sûr, débarrassé de tout harcèlement sexuel, etc.. Pour y parvenir il faut que nous élisions plus de femmes à des postes de responsabilité dans nos organisations et que nous organisions des séminaires de formation consacrés à cette question. Je pense que l’idée de créer une section spéciale de l’UITBB pour les femmes travailleuses dont nous avons débattue dans le passé, peut être posée de nouveau et en dépit des difficultés soumise aux instances pertinentes pour considération et réflexion.
Et encore un dernier point qui me tient à cœur: nous ne pouvons passer sous silence les bouleversements que cause le changement climatique sur notre planète. Le système capitaliste, système d’exploitation par excellence avec pour seule finalité l’accroissement des profits, n’a aucun scrupule à continuer au nom du profit jusqu’à la destruction de la planète. Depuis que Donald a été élu président des États-Unis et la sortie des États-Unis du Traité de Paris sur l’environnement, la situation s’est dégradée en même temps qu’on nie le réchauffement climatique. Idéologiquement nous sommes d’avis que nous faisons partie intégrante de la Terre mère qu’il faut respecter. Malheureusement, il suffit de voir ce qui se passe dans des pays tels que l’Australie ou le Brésil où des incendies gigantesques sont volontairement provoqués dans le seul but de gagner de nouvelles terres cultivables pour plus de profit. Ce comportement y est pour beaucoup dans les phénomènes climatiques extrêmes qui se déclenchent à une cadence accélérée, notamment les inondations, la montée des températures et la fonte des glaces polaires, au risque de détruire la planète. Si nous n’agissons pas maintenant, il se peut que prochainement il soit déjà trop tard. N’oublions pas, chers camarades, que nous n’avons pas hérité de cette terre de nos ancêtres, mais nous l’avons empruntée à nos enfants.
Pour terminer, chers camarades, j’aimerais conclure sur une note optimiste :
Pendant ses 70 ans d’existence, l’UITBB est restée fidèle à une orientation de classe et de lutte pour les droits des travailleurs. Nos camarades pionniers réunis à Milan en 1949 pour créer notre Union internationale, étaient animés par la foi dans les droits de la classe ouvrière et le sens de solidarité entre eux, mais aussi par la détermination et l’immense optimisme qu’en travaillant sans répit, la classe ouvrière et sa juste lutte l’emporteront.
Je suis certain que tous les délégués qui participent aujourd’hui au congrès de cette organisation historique partagent les sentiments des pères fondateurs. Nous partageons leur optimisme quant à l’avenir de l’UITBB et à la justesse des luttes des travailleurs de nos branches et de la classe ouvrière en général.
Camarades, allons de l’avant ! Luttons pour un monde meilleur, pour une nouvelle société libre de l’exploitation des humains par des humains ! Qu’ils disent que nous sommes des rêveurs ! Par nos luttes quotidiennes nous changerons et nous déterminerons notre avenir!
70 ans de luttes des classes ! Le combat continue !
Vive la solidarité internationale !
Vive la classe ouvrière !
Vive l’UITBB !