Discours de Yiannis Tasioulas à la réunion euro-méditerranéenne, Athènes, juillet 2017

Discours de Yiannis Tasioulas, président de la Fédération grecque des travailleurs de la construction et branches connexes, à la réunion euro-méditerranéenne, Athènes, juillet 2017

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Chers Camarades,

Permettez-moi, au nom de la Fédération des travailleurs de la construction de Grèce, de saluer tous les participants à cette réunion.

Nous vous transmettons les salutations militantes et de classe des travailleurs et des chômeurs du secteur de la construction. Aussi sommes-nous persuadés qu’à l’issue de cette réunion nous serons plus forts et mieux équipés grâce aux analyses et aux conclusions utiles que nous en tirerons. Elles nous aideront dans nos luttes dans le monde entier et intensifieront notre coordination sur la base des intérêts et des besoins de la classe ouvrière et des couches pauvres de la population qui souffrent le plus de l’impérialisme, que ce soit en temps de paix ou de guerre.

Le sujet qui nous occupe aujourd’hui n’a pas été choisi au hasard. Il s’agit d’une question grave directement liée à nos vies et aux dangers actuels de conflits militaires qui s’aggravent du fait de l’action criminelle di capital.

Partout dans le monde les travailleurs sont témoins d’interventions militaires dans des pays touchés par ce brasier expansionniste, de l’Ukraine à ma mer Noire, des Balkans et de la mer Égée à la Méditerranée orientale, du Moyen-Orient à l’Extrême-Orient, de la Syrie à l’Afrique du Nord.

La présence de l’OTAN aggrave les dangers dans les régions, où les foyers de guerre s’enflamment. La présence de troupes américaines et russes en mer et sur terre, les bases militaires réparties dans le monde en soutien d’interventions militaires, des frappes militaires et des bombardements préventifs, ce sont autant de faits qui montrent que la question dont nous discutons aujourd’hui nous concerne tous. 

La présence militaire de mon pays dans 13 pays dans le cadre de l’OTAN corrobore l’argument que la guerre impérialiste ne concerne pas seulement quelques pays, mais bien le monde tout entier. Je suis certain que lors de la réunion d’aujourd’hui vous citerez des exemples bien spécifiques qui illustreront mon propos.

Camarades,

Nous souhaitons que la réunion d’aujourd’hui apporte une contribution de poids et qu’elle nous aide à faire toute la lumière sur les questions concernant la guerre. Nous voulons mettre en évidence les causes des guerres, les intérêts qu’elles servent et répondre à la question comment les travailleurs et les syndicats peuvent-ils agir contre ces causes. Notre objectif consiste à créer par l’organisation de luttes syndicales au quotidien, les conditions permettant de construire un monde sans exploitation, sans pauvreté et sans réfugiés. Un monde dans lequel les travailleurs pourront jouir des richesses créées et satisfaire les besoins de leurs familles, alors qu’aujourd’hui ces droits sont foulés aux pieds dans le seul but de préserver les profits des monopoles.

Nous ne souhaitons pas que la discussion se limite à l’analyse théorique, mais qu’elle soit le point de départ d’un travail d’éducation et de discussion entre syndicats et de mobilisation des travailleurs, ceci afin de renforcer nos luttes pour que notre classe puisse se défaire des chaînes et des problèmes que nous impose le pouvoir du capital.

 

Camarades,

Si l’on veut aborder la question de la guerre d’un point de vue de classe, il est essentiel de poser les questions suivantes :

Quel est le caractère des guerres en cours ?

Qui mène ces guerres ?

Pour quelle raison mènent-ils ces guerres ?

De quels moyens se servent-ils pour manipuler les travailleurs, cacher les varies causes et présenter la guerre dans un éclairage totalement différent de ce qu’elle est vraiment ?

 

Camarades,

Dans cette ligne de pensée et en tirant parti de l’expérience acquise dans nos luttes contre la guerre, nous voulons partager avec vous quelques réflexions et conclusions :

  • Les guerres sont le résultat d’antagonismes et d’affrontements entre les forces capitalistes et les monopoles qu’elles représentent. Ils se battent entre eux pour le pétrole, les hydrocarbures et les routes énergétiques et, plus en général, pour acquérir la plus grande marge de profits possible. Ils sont dans une relation antagonistique permanente qui peut être surmontée moyennant des accords en période de paix impérialiste. Ces accords s’accompagnent de mesures anti-ouvrières rudes, avec des conséquences tragiques pour les travailleurs de tous les pays, ce dont nous sommes tous conscients. Quand ils ne sont plus en mesure de combler leurs différences, ils choisissent de les résoudre en recourant à la force et envoient les travailleurs et les peuples à la mort, afin de sauvegarder leurs intérêts. Les guerres sont un choix de la ploutocratie. En temps de paix, les travailleurs subissent les attaques du capital, mais en temps de guerre ils paient pour le choix qu’a fait le capital qui, sans hésiter, commet les crimes les plus infâmes pour amplifier ses bénéfices et son pouvoir. C’est là que se révèle le caractère impérialiste de la guerre, dans la mesure où elle est menée pour défendre les intérêts des monopoles et de la ploutocratie.

 

·         Les forces du capital et les gouvernements ainsi que les partis à leurs services, tentent de cacher les véritables causes des guerres. Ils essayent astucieusement de présenter diverses autres questions comme les causes présumées des guerres, afin de justifier et d’exonérer le système capitaliste qui en a la responsabilité. Par exemple, invoquer la « démocratie », les « droits de l’homme » et « la lutte contre le terrorisme » n’est autre chose qu’un exercice hypocrite, car, alors même qu’ils invoquent ces raisons, ils écrasent les droits, mettent en œuvre des mesures drastiques hostiles au monde du travail en les utilisant pour renforcer leurs mécanismes de répression du mouvement ouvrier, pour poursuivre les interventions et  bombardements et piller les richesses d’autres pays. Il est indignant de voir que certains gouvernements se présentent comme anti-terroristes, alors que, il y a quelques années, ces-mêmes gouvernements ont financé et utilisé les organisations qu’ils appellent aujourd’hui terroristes, pour promouvoir leurs plans de changement de frontières et de redistribution des marchés, toujours aux dépens des peuples, et pour servir les intérêts de quelques-uns. Il est encore plus exaspérant de vouloir présenter des alliances impérialistes internationales telles que l’OTAN et l’UE comme garants de la sécurité, de la stabilité et de la paix. Ce sont des organisations du capital, fonctionnant pour ses intérêts plutôt que pour les intérêts des peuples. Ils ne garantissent pas la paix pour les peuples et ne réduisent pas les dangers auxquels sont exposés les peuples qui se trouvent dans l’épicentre des guerres et des conflits. Partout où l’OTAN, l’UE et d’autres organisations impérialistes ont mis le pied, elles ont provoqué la mort. Leurs déclarations en faveur de la paix et de la sécurité augmentent au même rythme que leurs budgets de guerre. Alors qu’ils jurent au nom de la paix, ils préparent la guerre. Par exemple, l’Union européenne promeut l’euro-armée, un état-majeur de l’UE (EMUE) et Eurocorps, elle promeut une Union européenne de la défense et un Fonds européen pour la défense. Les gouvernements ont une grande responsabilité en ce sens, car ils impliquent les peuples d’une manière ou d’une autre dans les antagonismes entre les monopoles et soutiennent les plans des alliances impérialistes. Les travailleurs doivent se battre contre tout gouvernement qui applique cette politique visant à promouvoir les intérêts stratégiques du capital. Ils doivent rejeter les différentes théories préconisant la modernisation géostratégique de leurs pays, car ce sont des pièges, et c’est ce que le gouvernement SYRIZA-ANEL fait ici en Grèce. La modernisation géostratégique d’un pays participant aux alliances impérialistes et à la planification de la guerre, n’entraîne pas une amélioration de la vie des travailleurs, mais une amélioration du capital dans chaque pays, pour plus de profits.

 

Camarades,

·         Ce sont avant tout les opinions hostiles imprégnées de racisme, de xénophobie, de nationalisme, de fascisme et de fanatisme religieux qui empêchent les travailleurs de comprendre les causes de la guerre. Ces opinions sont cultivées dans la classe ouvrière par les forces du capital. Essentiellement, elles ne font que dresser un ouvrier contre un autre, en exonérant les capitalistes qui exploitent les travailleurs pendant la paix impérialiste et les envoient à la mort pendant les guerres impérialistes, tout en alimentant le point de vue que la guerre est menée pour promouvoir les intérêts des travailleurs. Ces vues cachent les vraies causes des guerres et servent les intérêts de quelques-uns. Rien ne divise les travailleurs du monde entier. Nos souffrances sont les mêmes, nous agonies sont les mêmes et nous voulons un avenir meilleur pour nos enfants. Nous nous opposons aux plans du capital qui déplace les frontières et s’attribue des sphères d’influence. Nous avons le même ennemi: Le capital et son pouvoir.·         Nous devons renforcer la solidarité entre nous. Nous devons mettre en avant notre propre plan et notre action commune, avec au centre nos besoins. Nous devons nous opposer à l’OTAN, à l’UE et à tous les mécanismes du capital et lutter dans tous les pays pour organiser la lutte contre le capitalisme et les monopoles qui causent et aggravent nos problèmes. Nous devons rejeter les arguments du capital et de ses gouvernements, qui nous présentent la barbarie que nous connaissons comme unique possibilité. Nous devons nous battre sous le drapeau de nos propres intérêts pour un avenir plus que nécessaire, dans lequel la classe ouvrière gère la richesse qu’elle produit. Il faut sans tarder organiser l’éducation et la lutte sur la question de la guerre. C’est l’impératif de l’heure. Nous devons apporter notre contribution aux efforts visant à donner à la classe ouvrière les moyens pour qu’elle puisse répondre aux exigences croissantes de la lutte de classe et gagner la guerre contre le capital.

Pour conclure, nous souhaitons vous informer d’une activité importante qui est actuellement en cours dans notre pays, sur l’initiative d’organisations et de syndicats regroupés sous la bannière de PAME. Nous avons entamé un travail majeur visant à discuter et à éduquer les personnes sur les questions de la guerre. La Fédération des travailleurs de la construction de Grèce, ainsi que des dizaines d’organisations de classe, organisent des réunions et des visites sur les lieux de travail ainsi que diverses autres activités dans les villes du pays. Nous estimons que la réponse est positive et que les bases sont créées pour que les causes du problème ainsi que les devoirs du mouvement ouvrier puissent être parfaitement compris. À cet égard, il est important de mentionner qu’il y a quelques jours en Grèce, suite à une initiative de PAME, une manifestation anti-impérialiste et anti-guerre a été organisée à Thessalonique, devant le siège de l’OTAN, avec la participation de la FSM et de centaines de syndicats de Grèce, de Chypre, d’Italie, de Turquie, de Serbie, de Palestine, de Syrie, d’Égypte, de l’ARYM et bien sûr des milliers de travailleurs, de chômeurs, de jeunes et de retraités.

À notre avis, ce type d’initiatives contribuent à renforcer les luttes pour les droits des travailleurs, la solidarité et la vigilance de la classe ouvrière contre le nationalisme, la xénophobie, le racisme, le fascisme et, en général, contre les appels haineux cultivés par les capitalistes pour faire durer la division entre les travailleurs. De ce point de vue, il est de notre devoir de faire avancer la lutte. Nous devons renforcer notre organisation et la ligne de classe au sein du mouvement ouvrier. C’est notre propre arme qui nous protégera contre les dangers et qui nous conduira vers un avenir meilleur répondant à nos besoins, garantissant une vie meilleure à nous et à nos enfants.