Séminaire sur l’amiante Helsinki, le 28-29 avril 2007

Résolution

 

Les participants au Séminaire international sur l’amiante, organisé par  l’ONG finlandaise Terveysrintama (Front de la Santé) les 28 et 29 avril à Helsinki, représentant notamment l’UITBB (Union Internationale des Syndicats des Travailleurs du Bâtiment, du Bois et des Matériaux de Construction) ainsi que des syndicats de la construction d’Australie, du Portugal, de Chypre, du Brésil, du Danemark, de France, de Finlande, des organisations de professionnels de la santé, des associations de victimes d’amiante, des experts de la médecine du travail, etc., après deux journées de discussions approfondies ont adopté à l’unanimité la résolution suivante:

 

Considérant que:

  • Il est établi aussi bien du point de vue scientifique que pratique que toutes les formes d’amiante, y compris le chrysotile, sont des agents cancérigènes qui constituent un danger mortel et un fardeau majeur pour la santé publique et l’environnement ;
  • Selon les estimations de l’OIT plus de 100 000 personnes, – ouvriers, proches, personnes civiles – meurent tous les ans de maladies causées par l’exposition à l’amiante et que le nombre risque de s’accroître du fait de l’utilisation continue de l’amiante et des dangers inhérents aux travaux de rénovation dans la plupart des pays développés du parc immobilier construit dans les années 60, 70 et 80, lorsque des quantités importantes de matériaux à base d’amiante ont été utilisées ;
  • 90% de l’amiante chrysotile sont utilisés dans les matériaux à amiante ciment ;
  • Rappelant que selon l’OMS, le Programme international sur la sécurité chimique et l’OMC il n’existe pas de niveau d’exposition à l’amiante sous forme de chrysotile pour lequel cette substance soit dépourvue de nocivité et que la mesure préventive appropriée consiste à interdire totalement le chrysotile ;

Les participants appellent dans l’esprit de la résolution approuvée par la 95e session de la CIT de l’OIT en 2006 les gouvernements et les organisations patronales et syndicales dans tous les pays à prendre des mesures immédiates visant à interdire le plus tôt possible l’extraction, la production, le recyclage et l’utilisation de l’amiante sous toutes ses formes ainsi que des produits à base d’amiante.

Les participants se réjouissent du fait que grâce aux efforts déployés par les syndicats des travailleurs, par les associations de victimes et les professionnels de la santé notamment, une quarantaine de pays ont à ce jour introduit l’interdiction de la production et de l’utilisation de l’amiante et de produits à base d’amiante et remplacé l’amiante par des produits de substitution moins nocifs.

Ces mêmes pays permettent la manipulation de l’amiante installé uniquement dans le cadre de travaux de désamiantisation, de démolition, de rénovation et d’entretien dans des conditions strictement contrôlées.

 

En outre, les participants demandent aux gouvernements, aux multinationales et aux employeurs en général

  • De faire de la protection des travailleurs et des populations contre l’exposition à l’amiante une priorité.
  • De ratifier et d’appliquer les dispositions de la convention 162 (1986) de l’OIT, Sécurité dans l’utilisation de l’amiante, et de mettre en oeuvre les dispositions de la recommandation 172 comme étant un niveau minimum en dessous duquel l’on ne peut pas aller. Toutefois la Convention 162 ne doit pas offrir de justification et ne peut pas constituer un encouragement à poursuivre l’utilisation de l’amiante.
  • De garantir sans tarder des soins appropriés, ainsi qu’une retraite anticipée et une indemnisation à la hauteur du préjudice aux victimes et aux familles des victimes de maladies dues à l’amiante.
  • D’adopter une position claire en faveur de l’élimination de l’amiante sous toutes ses formes ainsi que des matériaux contenant de l’amiante. Les États doivent élaborer des plans d’action nationaux permettant de gérer, de contrôler et d’éliminer l’amiante du milieu de travail et social.
  • D’intensifier les efforts en matière de recherche de nouveaux produits de substitution et l’étude épidémiologique des effets des produits de substitution utilisés à ce jour.
  • De mener parallèlement à l’élimination de l’amiante une politique industrielle conséquente afin d’assurer le réemploi de tous les salariés concernés.

 

Les participants au Séminaire appellent les organisations syndicales nationales et internationales à promouvoir activement l’interdiction mondiale de l’amiante sous toutes ses formes dans l’industrie de construction et tous les autres secteurs industriels, à promouvoir une réglementation efficace entérinée par la loi des travaux en contact avec l’amiante dans le domaine de la démolition, de la conversion, de la rénovation et de maintenance.

 

Les participants au Séminaire appellent les organisations syndicales nationales et internationales à faire reconnaître la responsabilité politique et pénale des pouvoirs publics et des trusts de l’amiante dans l’exposition des salariés et des populations, parce que c’est une condition indispensable pour que soient prises des mesures efficaces et généralisées d’arrêt de la protection et de la commercialisation de l’amiante, ainsi que de réparation pour les victimes.

 

La protection de la santé et de la vie des travailleurs ainsi que de la population en générale contre les dangers inhérents à l’exposition à l’amiante doit compter parmi les priorités de l’activité des syndicats, des employeurs et des autorités.